J'étais étendue dans ma chambre chez mon père,

J'étais étendue dans ma chambre chez mon père, quand j'ai eu ce flash: ma vie telle que je la connais prend fin le 28 mai.

Je vais perdre mon appart'. Mon bail se termine. Je vais perdre ma liberté, je vais perdre mon autonomie. Je vais devoir retourner dans ce trou perdu, avec deux bus par jour, et je pourrai rien faire. Rien. Jamais seule, jamais de trip trippant à faire, jamais libre d'aller où je veux quand je veux, de sortir, de laisser traîner mes trucs, de me sentir chez moi.

Perte de maison veut aussi dire perte de travail. Je pourrai pas garder mon boulot en retournant à Ste-Juju. Ça veut dire que l'argent rentrera plus. Nouvelle restriction.

Je sais que ça durera pas longtemps. Je sais que je quitte cet endroit bientôt. Mais rien qu'à l'idée de passer trois semaines, un mois coincée ici, emprisonnée...juste cette idée de perdre ma propre vie pour redevenir une parcelle de celles des autres, un bibelot sur une tablette, ça me rend triste.